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Des perspectives encourageantes : le rôle de l'humain à l'heure de la traduction automatique

Rédigé par Rhett Whitaker | 28 janv. 2020 08:00:00

Bien qu'ils existent depuis plus de 50 ans, les outils de traitement automatique des langues sont encore relativement méconnus des traducteurs. Ceci étant, les relations entre l'homme et la machine n'ont jamais été simples. Chaque nouveau progrès technique ou engouement pour la traduction automatique génère une vague de défaitisme, certains allant jusqu'à dire que l'humain n'aura bientôt plus aucun rôle à jouer.

Pourtant, la traduction par des humains reste florissante et on comprend aisément que les professionnels de la traduction croient peu à cette prédiction. Dans les faits, les traducteurs sont amenés à effectuer de plus en plus de post-édition à partir de suggestions de traductions automatiques dont la qualité ne cesse de s'améliorer. Ainsi, la traduction automatique apparaît désormais comme un outil précieux qui permet à beaucoup de traducteurs de gagner du temps tout en réduisant les coûts pour les clients.

Passons à présent en revue certaines idées reçues sur la traduction automatique. La traduction automatique est-elle une réalité ? Et comment des outils de traduction automatique en pleine évolution peuvent-ils rendre le service qu'on pourrait attendre ?

1. La traduction automatique ne suffira jamais : mythe ou réalité ?

Verdict à ce jour : réalité.

Si, en vous penchant sur une suite de mots traduits automatiquement, vous vous êtes dit qu'il aurait mieux valu partir d'une feuille blanche, bienvenue au club. Par contre, la bonne nouvelle est que ces traductions de mauvaise qualité ne devraient pas faire long feu.

Les résultats de la post-édition sont de plus en plus réinjectées dans les moteurs de traduction qui par ailleurs intègrent la terminologie des clients. Ainsi, la qualité des traductions progresse rapidement.

Nous sommes encore loin de la perfection, mais il est certain que les traductions automatiques peuvent servir de base solide pour que l'humain qui corrige obtienne un résultat d'une bien meilleure qualité. Quoiqu'il en soit, il est toujours possible d'écarter une phrase incompréhensible ou incorrecte et de la réécrire entièrement pour atteindre le niveau attendu par le client (ou le traducteur).

Dans ce cas, nous voyons la post-édition comme un investissement à long terme. Ce travail permettra aux moteurs de traduction automatique de produire un résultat plus exact et plus homogène. Une mémoire de traduction (MT) bien mise à jour, permet elle aussi d'arriver à une meilleure qualité. Et tous les traducteurs savent à quel point des analogies même partielles suggérées par une MT peut leur faire gagner du temps et de l'énergie.

Les moteurs de traduction offrent comme atout supplémentaire de pouvoir produire des résultats avec des corpus complètement nouveaux : les segments n'ayant aucune correspondance dans les MT sont identifiés et traités par les moteurs de traduction automatique.

2. La traduction automatique ne prend pas systématiquement en compte la terminologie du client : mythe ou réalité ?

Verdict à ce jour : réalité.

Une utilisation précise et homogène de la terminologie propre à chaque client est un impératif pour la traduction professionnelle, que le texte soit traduit par un humain ou par une machine. Toutefois, sauf si le moteur de traduction a pu « apprendre » la terminologie du client, en règle générale, elle n'est pas prise en compte. Ceci veut dire que le post-éditeur doit repérer ces termes au cours de son travail, ce qui demande un effort supplémentaire significatif.

Certains moteurs de traduction automatique sont actuellement capables d'apprendre de la terminologie. Pour cela ils doivent ingérer des données préparées à cet effet. Si cette préparation est faite dans les règles, l'optimisation des traductions automatiques facilite la tâche des post-éditeurs.

Les outils de traduction automatique continuent à évoluer, au point que l'intégration de bases terminologiques et d'autres fonctionnalités, comme par exemple l'assemblage de fragments, devraient devenir monnaie courante. Ces progrès techniques permettront d'aller plus vite et d'obtenir une plus grande précision des textes traduits automatiquement au point que la post-édition deviendra l'activité principale des traducteurs. Ils pourront ainsi se consacrer pleinement à la transcréation ou à d'autres tâches à forte valeur ajoutée, que seul un humain peut assurer.

3. La traduction assistée par ordinateur (TAO) signe la fin de la traduction par des humains : mythe ou réalité ?

Verdict à ce jour : mythe.

Si l'on étudie les révolutions industrielles et technologiques passées, les motifs d'inquiétude sont légitimes. L'intelligence artificielle et l'automatisation ont eu pour effet de remplacer le travail de l'homme dans bon nombre de secteurs, comme les services à la clientèle (agents conversationnels), les transports (conduite autonome), la médecine (diagnostics et planification chirurgicale automatisés), ou le droit (intelligence artificielle dans la recherche juridique). Cette transformation du travail humain n'est pas sans engendrer une certaine crainte de l'automatisation et de l'informatisation (ou de la traduction automatique pour ce qui nous concerne) et des effets que cela peut avoir sur nos manières de travailler.

Alors que les entreprises du monde entier se tournent vers la traduction automatique pour traiter des volumes de contenus de plus en plus importants, le métier de la traduction ne peut pas se reposer exclusivement sur des machines pour répondre à cette demande.

Nous assisterons certainement à une évolution de la nature des tâches réalisées par l'homme, notamment dans le domaine de la traduction. Si vous avez déjà eu l’occasion de travailler sur des textes traduits automatiquement, vous avez sûrement constaté que, d'un point de vue qualitatif, la post-édition est une tâche différente de la traduction à partir d'une feuille blanche. Cette tâche se distingue également de la correction d'un texte traduit par un humain : les machines ont tendance à faire des erreurs différentes, parfois déconcertantes, que ne feraient pas un humain.

Nous constatons également que le grand public s'habitue à des traductions imparfaites dans un grand nombre de domaines. Ceci incite les clients de services de traduction à se satisfaire d'un niveau de qualité minimum. Toutes ces évolutions expliquent l'incertitude que les traducteurs peuvent ressentir quant à leur avenir. Pour autant, nous avons toutes les raisons de rester optimistes et nous en arrivons au point suivant.

4. La traduction automatique a démocratisé la traduction : mythe ou réalité ?

Verdict à ce jour : réalité.

Avec un peu de recul, nous pouvons observer que l'un des effets de la traduction automatique est de démocratiser les services liés à la traduction en augmentant le nombre de clients potentiels.

Mondialisation oblige, les petites entreprises, tout comme celles des marchés émergents font de plus en plus appel à la traduction automatique pour rationaliser les process et les coûts. En d'autres termes, les traductions automatiques non révisées prennent une part du marché jusqu'ici exclusivement réservée à des traducteurs humains. Mais comme la post-édition prouve son utilité, le marché de la traduction devrait exploser.

Les traducteurs qui ne refusent pas la post-édition auront de quoi faire, alors que la demande de traduction et rédaction par des humains restera forte. Ceci sera particulièrement vrai pour les services haut de gamme, avec la transcréation, la traduction technique incompatible avec la traduction automatique et la correction créative.

Même si les machines sont déjà en mesure de prendre en charge la plupart des traductions de formules répétitives demandées par les clients, la traduction automatique présente des limites. Une mauvaise post-édition peut aboutir à des textes inexacts, même s'ils semblent bons à première vue. Les moteurs de traduction automatique n'arrivent pas toujours à gérer de manière fiable les limites de caractères, les codes informatiques intégrés ou bien l'application de consignes complexes de la part du client final. Par ailleurs, l'art de la nuance pour faire passer une émotion particulière, s'adresser à un certain groupe de population, ou bien interpréter un jeu de mots ou une expression idiomatique reste toujours de la compétence de traducteurs humains confirmés, ce qui ne devrait pas changer à l'avenir.

Prendre une longueur d'avance

Nous aimerions terminer sur deux réflexions sur la traduction automatique :

1) L'avenir est prometteur.
2) Toute résistance est inutile.

Bien évidemment, cette deuxième réflexion est une plaisanterie. Mais, comme pour toutes les blagues, il y a un fond de vérité : la traduction automatique n'a pas fini de se développer et de transformer le paysage du traitement des langues. Ne pas tenir compte de son potentiel ne peut que vous désavantager. Du côté des traducteurs, intégrer l'équation peut faciliter une carrière dans la traduction et la gestion de contenus, la rendre plus agréable et plus enrichissante.

Quelques pistes de réflexion : la post-édition fait appel à de nombreuses compétences que les traducteurs utilisent quotidiennement. Face à l'évolution rapide des outils et des attentes des clients, les compétences figées appartiennent au passé, qu'on le veuille ou non. À l'heure de la traduction automatique, les traducteurs qui souhaitent rester compétitifs n'ont pas d'autres choix que de perfectionner leurs compétences dans le haut de gamme et, d'une manière générale, de faire preuve d'ouverture face aux nouveaux outils d'aide à la traduction. En résumé, ceux qui sauront s'adapter à la nouvelle réalité du monde de la traduction s'épanouiront.

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